Mystères du système védique des Dashas

Edith Hathaway, USA © 2013

Traduction française : Patricia Depasse, Belgique © 2016

(Notes en fin d’article pour les coordonnées de naissance entre autres) 

Les planètes en transit donnent le ton du thème natal, et les astrologues déterminent tous les aspects de la vie à partir d’un instantané des patterns planétaires de ce moment. En poursuivant leur orbite, ces planètes affectent le thème natal, et on peut tirer des prédictions à partir de ces modèles. De plus, en astrologie védique – l’astrologie de l’Inde, on peut faire des prédictions majeures sur base uniquement des cycles, ou Dashas. Il en existe plus de 55, mais le plus important, c’est le Vimshottari, ce qui veut dire 120. C’est un cycle de 120 ans, qui commence à la naissance, et qui se base sur le segment exact du nakshatra où se situe la Lune natale. Les Vimshottari Dashas utilisent le zodiaque sidéral (ou des constellations). Les voyants védiques – des sages dont les pouvoirs viennent de l’illumination – des temps anciens passent pour l’avoir inventé, ainsi que d’autres systèmes de Dashas. Basé sur la séquence des planètes et sur la façon dont ces planètes sont placées et influencées dans le thème natal (et dans le Navamsha, ou thème de 9e harmonique), la destinée de l’individu peut se voir à l’avance, et se lire indépendamment des planètes en transit, quoique ces dernières puissent venir conforter les indications du Navamsha.

Si on regarde la vie d’un individu célèbre, on peut voir comment ceci fonctionne, à condition d’avoir des coordonnées natales exactes, et un Ascendant dont on peut être sûr. Dans le cas d’Albert Einstein (1879-1955), nous savons que son thème védique comporte un Ascendant Gémeaux. On peut voir d’un seul coup d’œil sur son Vimshottari Dasha que la période la plus créative de sa vie, et de loin, sera son Dasha de Vénus (du 13 décembre 1895 au 15 décembre 1915), et que certaines sous-périodes seront favorisées au sein de ces 20 ans. La plus grande reconnaissance de son travail viendra dans le Dasha suivant, celui du Soleil, qui dure 6 ans, et de fait, c’est bien ce qui se passa. D’abord, en mars 1914, il devint Directeur du Département de Physique au prestigieux Kaiser Wilhelm Institut à Berlin (jusqu’en 1932). Il reçut en 1921 le Prix Nobel de Physique, pour le travail réalisé en 1905-1906 (son “Annus Mirabilis” ou Année du Miracle[1]) et il le peaufina dix ans plus tard. Bien qu’il ait été respecté et reconnu tout le reste de son existence, la majeure partie créatrice de sa vie s’est accomplie essentiellement durant ce Dasha de Vénus, qui prit fin en 1915.

Pour un Ascendant Gémeaux, l’astrologie védique considère Vénus comme la meilleure planète. Si on examine toute la carte, et en particulier la condition de Vénus natale, on saura ce qu’il doit advenir durant ce Dasha de Vénus d’une durée de 20 ans. Dans le cas d’Einstein, Vénus natale est exaltée en Poissons (zodiaque sidéral), dans la Maison 10 du statut et de la carrière. Elle est aussi exaltée dans les deux degrés, celui qui précède et celui qui suit, le degré de son exaltation maximum ou “la plus profonde” ; elle doit donc produire des résultats extraordinaires. Mais à moins que les Dashas suivants ne soient tout aussi extraordinaires, ils ne peuvent surpasser la promesse créatrice de Vénus, surtout pour un thème natal avec un Ascendant Gémeaux. Le sous-Dasha Soleil-Vénus allait apporter une reconnaissance mondiale. Il s’étendait du 14 décembre 1920 au 14 décembre 1921. Les Prix Nobel sont décernés le 10 décembre (depuis 1901). Mais la renommée d’Einstein a précédé son Nobel de 1921, et il pourrait venir n’importe quand durant ce Dasha du Soleil, d’une durée de 6 ans, qui commence le 15 décembre 1915.

Le 7 novembre 1919, Einstein est devenu une célébrité mondiale sur l’espace d’une nuit, avec une manchette dans The Times de Londres. Les gros titres disaient : “Une révolution scientifique”. Retardées de plusieurs années suite à la Première Guerre Mondiale (1914-1918), deux expéditions débutèrent en mai 1919, durant lesquelles des astronomes étudièrent une éclipse totale de soleil au Brésil et dans le Golfe de Guinée. Leurs découvertes firent l’objet d’une communication à la Royal Society et à la Royal Astronomical Society à Londres, le 6 novembre 1919, et passèrent pour vérifier la Théorie de la Relativité d’Einstein, de la relation espace-temps, deux notions qui n’apparaissaient plus comme des choses distinctes. Il était dans son Dasha Soleil-Mercure depuis le 2 octobre 1919, et ce pour les 10 mois qui suivirent. Mercure est Maître d’Ascendant (maître planétaire des Gémeaux), et le Soleil, significateur de son statut dans le monde, et ces deux planètes sont situées dans la Maison 10 du statut et de la reconnaissance de la carrière. Ce jour-là, Mars en transit, ainsi que Jupiter et Vénus, ont tous aspecté (influencé) la Maison 10 d’Einstein, et Soleil en transit était proche de la cuspide de sa Maison 5.

Cependant, les planètes en transit n’expliquent pas à elles toutes seules cette gloire instantanée. C’est le schéma tout entier du Vimshottari Dasha de l’existence, en association avec les transits favorables, qui assiste ce qu’il advient des fruits du Dasha de Vénus, qui a duré 20 ans, suivi par les récompenses de ce Dasha du Soleil, d’une durée de 6 ans. Ce créneau de 26 ans fut particulièrement favorable en ce qui le concerne, et cela se passa relativement tôt dans son existence. Il avait 26 ans au moment de son année la plus créative (1905), et 40 ans quand il est devenu une célébrité mondiale. Quand il reçut le Prix Nobel de Physique en 1921, il avait 42 ans. Toute son œuvre scientifique postérieure à cette date passe pour avoir moins d’importance. Il est mort en 1955, à l’âge de 76 ans.

A l’opposé, la célèbre chef et vedette de la télévision, Julia Child (1912-2004), connut le succès dans sa carrière, ainsi que la reconnaissance, plus tard dans sa vie. A l’âge de 49 ans, la longue carrière en cuisine de Julia Child ne faisait que commencer. Elle est restée en activité dans ce domaine jusque peu avant sa mort, survenue à 92 ans. Elle a travaillé pendant 10 ans (1949-1958) sur son célèbre livre de recettes, Mastering the Art of French Cooking, publié à l’automne 1961. Ceci coïncida avec le transit de Jupiter et de Saturne, tous deux en Capricorne, dans sa Maison 9 de l’édition. Les deux planètes venaient à peine de redevenir directes fin septembre 1961, ce qui leur donnait du pouvoir supplémentaire. Jupiter en transit était déjà en Capricorne alors que Saturne en transit refaisait son ingrès dans le signe le 8 octobre 1961. Ce qui est entré en résonnance avec l’opposition natale Jupiter-Saturne de Child, de part et d’autre de son axe de l’Ascendant. Cependant, le départ du Dasha de Saturne en avril 1957 était proche de l’achèvement de son livre en 1958.

Avec son Ascendant Taureau, Saturne serait une excellente planète, bien meilleure que Jupiter pour le succès de la carrière. Son Dasha de Jupiter, d’une durée de 16 ans (du 9 avril 1941 au 9 avril 1957), lui apporta des voyages ainsi qu’une résidence à l’étranger, et sa première rencontre avec son futur époux, Paul Child, en juillet 1944, lors de son sous-Dasha Jupiter-Saturne. (Son Jupiter natal est situé en Maison 7 du mariage et aussi de la résidence à l’étranger.) L’amour de Paul pour la gastronomie, surtout la cuisine et les vins français, changèrent la vie de Julia. Ils se marièrent le 1er septembre 1946. Mais le Dasha de Saturne, d’une durée de 19 ans (du 9 avril 1957 au 9 avril 1976), allait porter sa carrière au succès, après quelques retards et échecs au démarrage. Comment le savons-nous ? Et comment savons-nous qu’il faudrait attendre jusqu’à la conjonction Jupiter-Saturne de 1961 ?

Nous pouvons l’apprendre du nom de Saturne en sanscrit, qui se dit Shani, ce qui veut dire “lent”, et aussi Schanishara “qui se meut lentement”. Les résultats de Saturne ne viennent pas à maturité rapidement, vu que Saturne est celui qui se déplace le plus lentement de toutes les planètes dans le système solaire visible, c’est-à-dire visible à l’œil nu. Après 6 ans passés à négocier avec la maison d’édition Houghton Mifflin, Julia essuya leur refus final le 6 novembre 1959 : “… trop cher à l’impression, pas d’audience massive en perspective.” Mais au printemps 1960, elle entama des pourparlers avec la maison d’édition A. Knopf qui, elle, publia le recueil de Julia, un livre de recettes de 734 pages, le 16 octobre 1961. D’autres facteurs arrivant à leur terme, dont la carrière de Paul Child au Foreign Office, qui prit fin en été 1961, ont coïncidé avec le retour du couple aux USA, quittant leur dernier poste en Europe. Sa série télé commença en février 1963, connut un rapide succès et fut le programme le plus pérenne de toute l’histoire de la télévision publique. Quoique Paul Child ait eu l’intention de prendre sa retraite afin de se consacrer à son art personnel, il devint à la place, l’agent de son épouse, son conseiller le plus proche, son homme à tout faire, et le designer de toutes ses cuisines. Paul était né à l’approche de la conjonction Jupiter-Saturne de 1901, avec son Soleil natal et son Jupiter à un degré de la conjonction Jupiter-Saturne de 1961 en Capricorne. L’année 1961 fut un point crucial dans le lancement de la carrière qui allait transformer radicalement leurs deux vies, Paul préférant toujours jouer les seconds rôles au côté de son épouse.

Alors que la préscience de patterns cycliques est importante, dans la vision védique, il est tout aussi important de comprendre le but de la vie ou Dharma. En Occident, on le confond souvent avec la personnalité et la recherche de la célébrité. Mais en astrologie védique, le thème natal, surtout montré par le signe situé à l’Ascendant, décrit notre nature véritable, notre modalité principale et ce qui sera le centre de nos vies, plus que toute autre chose. Ceci s’amplifie par la position en maison de la Lune, aussi bien que par l’emplacement de toutes les planètes, notamment le Maître d’Ascendant et le Soleil. Le signe à l’Ascendant donne une description de la destinée que nous devons vivre dans cette existence. La philosophie védique considère que c’est l’une parmi de nombreuses autres, mais c’est moins important que de comprendre le but de cette existence. Si ce but est compris et affiné, alors les diverses périodes de vie peuvent s’utiliser pour poursuivre en cette voie, quoique toutes les périodes (Dashas) ne soient pas aussi favorables, et qu’il puisse exister une série de périodes moins favorables. Si les Dashas les plus auspicieux se produisent tôt dans la vie, comme avec Einstein, il est parfois difficile pour la personne d’accepter ce qui suit, puisqu’elle peut rencontrer davantage d’échecs par la suite, avec l’impératif corollaire d’apprendre la patience et la résilience. Si les meilleures périodes viennent plus tard, comme pour Julia Child, alors le tout, c’est de ne pas perdre confiance en ses dons et ses buts avant leur maturité.

Prononciation

Dashas (DAH-shas)

Nakshatra (nak-SHAH-tra)

Navamsha (nah-VAM-sha)

Vimshottari (vim-SHOW-tah-rî)

Maisons par signes entiers : l’entièreté de la Maison 1 est considérée comme en Gémeaux dans le cas d’Einstein, et l’entièreté de sa Maison 10 sera considérée comme en Poissons.

Coordonnées de naissance 

Albert Einstein : 14 mars 1879, 11 h 30 LMT, Ulm, Bade-Wurtemberg, Allemagne (10 E 00, 48 N 24, données classées AA, selon le certificat de naissance). Ascendant : 19.28 Gémeaux (thème védique). Zodiaque sidéral, Ayanamsha Lahiri.

Julia Child : 15 août 1912, 23 h 30 PST, Pasadena, CA, USA (118 O 08 37, 34 N 08 52, classé AA, selon le certificat de naissance). Ascendant : 13.16 Taureau (thème védique). Zodiaque sidéral, Ayanamsha Lahiri.

Paul Cushing Child : 15 janvier 1902, Montclair, NJ, USA (72 O 12 34, 40 N 49 33. Carte établie pour midi (aucune heure disponible). Source : Wikipédia.

[Note : Albert Einstein et Julia Child font partie des 31 biographies analysées par Edith Hathaway dans son livre In Search of Destiny: Biography, History & Culture As Told Through Vedic Astrology, 2012.]

Copyright © 2013, Edith Hathaway. Tous droits réservés.

[1] NdT : à l’origine, la formule faisait référence à l’année 1666, qui vit le Grand Incendie de Londres, et à un poème de John Dryden, créé pour cet événement, et surtout pour souligner que l’intervention divine avait malgré tout limité le désastre. Depuis, on l’utilise pour marquer une année où se sont produits des faits d’une importance majeure. (D’après Wikipedia https://en.wikipedia.org/wiki/Annus_mirabilis)